Comme notre besoin de consommer augmente chaque jour, la terre en paie le prix.
La fast-fashion, ou mode éphémère, a changé la façon dont les gens achètent et jettent les vêtements. En vendant une énorme quantité de vêtement, à des coûts réduits, la mode éphémère est devenue le modèle commercial dominant, décuplant la consommation de vêtements. Et chaque jour, des millions de personnes achètent des vêtements sans tenir compte de l'impact sur notre planète et notre environnement. De la croissance de la production de coton à forte consommation d’eau, à l’élimination des colorants non traités dans les plans d’eau, en passant par les bas salaires des travailleurs dans des ateliers peu respectueux des normes, la fast-fashion a un coût environnemental et social élevé.
Selon un rapport McKinsey, les vêtements de mode éphémère les moins chers sont jetés après avoir été portés sept ou huit fois seulement. Les consommateurs gardent désormais les vêtements deux fois moins qu’en 2000, ce qui a entraîné une augmentation considérable des déchets générés par l'industrie de la mode.
Les réseaux sociaux alimentent le consumérisme à une échelle sans précédent. Pour la génération du numérique habituée à traquer de nouveaux produits sur les réseaux sociaux, il est facile d’un glissement de doigt d’acheter la tenue portée par quelqu'un qu'on suit. Les influenceurs poussent la consommation rapide à travers les plateformes.
"Nous voulons un nouveau look chaque fois que nous sortons. Une fois que nous avons publié une photo d'une tenue sur Instagram ou Snapchat, nous ne la portons généralement plus pendant plusieurs semaines", explique Ankita, un lycéen, à Media India Group lorsqu’on lui demande pourquoi il devait acheter des vêtements si souvent.
De même, Shreya Mandal, étudiante, nous dit que «si des marques comme H&M, Zara, Forever 21, Shein sont aussi populaires, c’est parce qu’ elles offrent les dernières nouveautés à bas prix. Nous achetons également chez eux parce que nos influenceurs préférés les préconisent.»
La mode éphémère est populaire, car elle démocratise la haute couture, en supprimant les marques de créateurs et en offrant aux consommateurs une sensation de luxe abordable.
Mais selon un rapport McKinsey, après le pétrole, la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde. Et cette pollution augmente en proportion de la production.
En 2015, l'industrie du vêtement était responsable de l’émission de 1,714 milliards de tonnes de dioxyde de carbone et a utilisé 141 milliards de mètres cube d'eau. De même, après l'agriculture, les textiles de teinture à l'eau ont fait de l'industrie le deuxième pollueur mondial de sources d'eau propre.
Lors du dernier sommet du G7, le président français et hôte Emmanuel Macron a annoncé un pacte de l'industrie de la mode signé par 32 entreprises et 150 marques promettant de réduire l'impact environnemental. Ce pacte marque la première démarche sérieuse à grande échelle d'un ensemble d’entreprises du secteur privé pour lutter contre le réchauffement climatique et reconstituer la biodiversité de la planète. Hélas, ces changements sont lents et l'industrie de la “fast-fashion” représente encore 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et ce pourcentage est en augmentation.
Mais la sensibilisation des consommateurs reste la clé pour conduire le changement vers une consommation de mode plus éthique et durable. D’abord éduquer les acheteurs à avoir une vision d'ensemble, incluant l'environnement et les personnes impliquées, avant toute prise de décision d’achat. Mais aussi sensibiliser la jeune génération de créateurs sur la mode durable et les pratiques éthiques dans l'industrie. Comme le résume Lucy Siegle, auteur et journaliste dans le documentaire The True Cost, « La fast-fashion n'est pas gratuite. Quelqu'un quelque part paie ».